Pourquoi le projet du village d’enfants ?

Le pourquoi du projet:

SITUATION AU RWANDA / HISTORIQUE

a) Situation actuelle (données Unicef mai 2007)

Le Rwanda subit encore aujourd’hui les effets du génocide de 1994. Le nombre d’enfants orphelins et la proportion de foyers dirigés par un enfant sont élevés. Le Rwanda est le pays le plus densément peuplé d’Afrique, ce qui taxe d’autant ses ressources naturelles. Plus de la moitié de sa population se compose d’enfants.


Problèmes des enfants au Rwanda

  • Environ 810.000 enfants rwandais sont devenus orphelins, dont certains à la suite du génocide. Plus de 100.000 autres vivent dans des foyers dirigés par d’autres enfants.
  • Les taux de mortalité des nourrissons et des mères, qui étaient parmi les plus élevés du monde, ont augmenté depuis 2000. Le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires aiguës et le VIH/SIDA sont les causes principales des décès.
  • La malnutrition frappe près d’un quart de tous les enfants et est responsable de 40 pour cent des décès d’enfants de moins de cinq ans.
  • Près de 250.000 personnes de 15 à 49 ans ont le VIH/SIDA. Les enfants ont un accès très limité aux traitements antirétroviraux.

 

b) Situation existante

Devant cet accroissement d’enfants et de jeunes délaissés, beaucoup d’ONG, surtout étrangères (et aussi rwandaises, mais « dirigées » par des étrangers), ont répondu par la mise en place d’institutions d’accueil, du type orphelinats. A première vue, c’est effectivement la meilleure solution. A première vue seulement, car ce type d’institutions demande des fonds très importants et dépend donc directement d’un financement extérieur. Que se passera-t-il lorsque les fonds n’arriveront plus ? Quand on pose la question au Rwanda, les responsables préfèrent faire semblant qu’ils n’ont pas entendu la question… Et déjà aujourd’hui, les orphelinats sont complètement saturés comme l’orphelinat de Nyundo d’une capacité maximale de 300 enfants et qui en héberge à ce jour plus de 800 dans des conditions d’hygiène et d’insalubrité inexistantes.

Pourtant, l’Afrique en général et le Rwanda en particulier, feraient bien de tenir compte d’éléments qui vont influencer l’aide extérieure : la crise en Europe, les subventions de moins en moins importantes accordées aux ONG du Nord, la relative désaffection des donateurs du Nord, en partie due à un manque de sérieux de beaucoup d’ONG du Nord (soit dit en passant). Tout cela fait que les aides massives à des orphelinats ou à des maisons d’accueil engloutissant des millions disparaîtront peut-être plus vite qu’on ne le croit.

 

c) Le passé du Rwanda recèle de précieuses leçons pour l’avenir

  • En Afrique, où le nombre croissant d’orphelins pose un problème d’une ampleur sans précédent, l’expérience rwandaise pourrait servir de modèle à d’autres nations.
  • Bien qu’il ait la plus forte proportion d’orphelins dans le monde, le Rwanda a mis en place des solutions réalistes susceptibles d’être imitées par d’autres pays du continent africain.
  • La majorité des orphelins rwandais vivent avec leurs frères et sœurs sur les terres de leur famille sans être surveillés par des adultes. Ce phénomène est la conséquence directe du génocide de 1994 au Rwanda, épisode pendant lequel les tueries et les déplacements en masse ont traumatisé les enfants à une échelle inconnue depuis l’Holocauste de 1940 – 1945.
  • Les centaines de milliers d’enfants qui ont survécu au carnage et aux abus commis pendant le génocide se sont retrouvés orphelins une fois que celui-ci a pris fin. Leurs parents avaient été massacrés, ou bien ils avaient été séparés de leur famille pendant l’exode de masse en direction de la République démocratique du Congo.
  • Au lieu de diminuer au fil du temps, le problème des orphelins s’est perpétué en raison du nombre exceptionnellement élevé d’adultes touchés par la pandémie du SIDA au Rwanda. Aujourd’hui, 613 000 enfants rwandais de moins de 14 ans sont orphelins. Et on estime qu’il y a 101 000 enfants à la tête de quelques 42 000 foyers.
  • Il n’est pas rare de voir des enfants de neuf ans assumer le rôle de chef de famille et aller travailler pour faire vivre leurs frères et sœurs plus jeunes. Les adultes exploitent leur vulnérabilité en leur faisant faire des travaux manuels en échange d’un peu de nourriture ou, ce qui est pire, de faveurs sexuelles.
  • Depuis 1994, de plus en plus d’enfants sont devenus des orphelins du VIH/SIDA.

 

Beaucoup de ces enfants ne sont pas scolarisés ou ne mangent pas régulièrement ; un grand nombre d’entre eux sont sans défense face à l’exploitation et aux abus.

C’est une génération qui a perdu son enfance et dont l’avenir est extrêmement compromis.

  • L’isolement est source de désespoir et d’insécurité

Pour que les enfants deviennent des membres actifs de la génération d’adultes qui sera demain chargée de rebâtir la nation, ils ont besoin d’affection pour guérir de leurs blessures psychologiques et de conseils pour traverser sans encombre la période de l’enfance et de l’adolescence.

Les enfants plus âgés, en particulier, jettent sur le monde qui les entoure un regard désabusé et n’ont pas confiance en l’avenir. Une jeune fille de 13 ans qui s’occupe de quatre autres enfants a dit à World Vision, une organisation caritative chrétienne : « Je crois que je leur suis utile, mais pour moi, c’est un fardeau trop lourd. Ces enfants dont je m’occupe deviendront peut-être intelligents en allant à l’école, mais moi, je ne deviendrai rien. »

Une étude réalisée en 2001 par le gouvernement et l’UNICEF a montré que trois orphelins du SIDA sur quatre sont isolés dans leur communauté et qu’un sur cinq est maltraité par les autres enfants.

En 2001, l’UNICEF a mis sur pied un système de surveillance qui demande à des voisins adultes de s’occuper volontairement d’autres enfants.

  • Les systèmes de mentoring aident les enfants à faire face

Chaque mentor volontaire apprend que tous les enfants ont des droits qui ont été énoncés comme tels dans la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. Les « mères » et les « pères » rendent visite aux enfants le matin et le soir pour s’assurer que tout va bien. Ils leur donnent des conseils sur la vie et expliquent aux orphelins comment régler leurs problèmes.

Dans le cadre d’un projet pilote lancé sur les hauts plateaux qui entourent Kigali, 670 mentors font désormais office de responsables que les orphelins peuvent aller voir lorsqu’ils sont en difficulté et qui redonnent aux enfants la capacité de faire confiance aux autres.

A 18 ans, Mukomugenza Kesitima est une adolescente trop sérieuse pour son âge. Ses parents sont morts de ce qu’elle décrit comme une maladie inconnue, lui laissant la charge de sept frères et sœurs plus jeunes. Pendant les deux dernières années, les enfants ont bénéficié de l’aide de mentors en la personne de leurs voisins.

« Nous étions très malheureux parce que nous étions seuls et que personne ne nous aidait », dit-elle. « Mais nos nouveaux parents nous ont donné beaucoup de bons conseils et nous ont montré ce qu’il fallait faire : »

Le système de mentoring a un double avantage. En demandant aux voisins de s’aider mutuellement, il recrée une cohésion sociale dans des communautés dévastées par le génocide. De plus il donne aux orphelins une chose que tout l’argent du monde ne pourrait acheter – le sentiment d’appartenir à une communauté et à une famille.

 

d) Le Gouvernement est conscient du problème (ces données sont tirées d’un discours à la Commission des Droits de l’enfant au Rwanda)

L’objectif de cette politique est d’assurer le bien être des orphelins et autres enfants vulnérables.

Pour faciliter les interventions en matière de protection, la Politique Nationale des Orphelins et Autres Enfants Vulnérables insiste sur ce critère de vulnérabilité, et précise qu’il y a 15 catégories d’enfants vulnérables :

  1. Les enfants vivant dans les familles dirigées par des mineurs
  2. Les enfants vivant dans les familles d’accueil
  3. Les enfants de la rue
  4. Les enfants affectés par les conflits armés
  5. Les enfants vivant dans les centres d’accueil
  6. Les enfants en conflit avec la loi
  7. Les enfants handicapés
  8. Les enfants qui travaillent
  9. Les enfants victimes de l’exploitation et de l’abus sexuel
  10. Les enfants affectés et/ou infectés par le VIH/SIDA
  11. Les enfants vivant avec leur mère en prison
  12. Les enfants réfugiés ou déplacés
  13. Les enfants des mères célibataires
  14. Les enfants des familles indigentes
  15. Les enfants qui se marient avant l’âge de la majorité.

Cette politique définit aussi les stratégies pour réduire, voire même supprimer, dans la mesure du possible, la vulnérabilité des enfants. Ainsi par exemple, l’appel pressant fait à la population de se lancer dans un processus d’engagement à la prise en charge des enfants par la communauté, en lieu et place d’une prise en charge institutionnelle, permet de lutter contre l’isolement de certains enfants (séparés de leurs communautés), mais aussi de réduire considérablement le nombre d’enfants qui sont placés dans des institutions ad hoc.

Dans le même ordre d’idées, le gouvernement se bat pour assister les familles dirigées par les mineurs (enfants), en leur apportant des soutiens de tous ordres, notamment par la distribution de vivre, la construction de logements et surtout en pourvoyant à leur encadrement par le recrutement de Conseillers psycho-sociaux.

Pour les enfants vivant dans des familles d’accueil, les enfants de la rue, les enfants placés dans des Centres d’enfants non accompagnés (CENA), le Rwanda a opté pour le concept suivant : ENFANT = FAMILLE. Ceci se justifie notamment par le fait que l’enfant doit jouir de tous ses droits et libertés fondamentaux au même titre que les adultes, mais que pour lui permettre de mener une vie saine, il faut qu’il soit placé dans une famille qui l’aide à jouir de tous les autres droits (le droit à une bonne éducation, le droit aux soins primaires de santé, etc…).

 

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